Résilience numérique : formation et rétention des talents numériques

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Les profils experts dans les domaines stratégiques du numérique tels que les services Cloud, l’Intelligence Artificielle (IA) ou encore la Cybersécurité sont très importants, tant sur le court que le long terme, pour la résilience numérique et la capacité d’innovation d’un pays.  Or, la pénurie de talents est aujourd’hui mondiale et les pays se livrent à une lutte acharnée pour attirer les meilleurs profils.

Dans notre dossier thématique « Résilience numérique », nous vous proposons 6 articles pour définir le cadre de notre Résilience Numérique ainsi que ses enjeux et composantes. 3ème article autour des enjeux de formation et rétention des talents numériques.

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La France face à ses concurrents pour conserver ses talents numériques

Si les Etats-Unis, le Canada, le Royaume-Uni et la Suisse sont les pays non-communautaires les plus à même d’attirer les talents français (voir l’étude Decoding Digital Talents du BCG 2019), cette compétition est aussi présente au sein même de l’Union Européenne (UE), où la France est aujourd’hui fortement concurrencée par l’Allemagne, le Benelux et les pays Nordiques (voir les résultats du Global Talent Competitiveness Index 2022 ou encore ceux du EU Innovation Scoreboard).

Si sa formation initiale autour des sujets du numérique (IA et Machine Learning, Mathématiques Appliquées, Ingénierie Informatique, Marketing Digital, etc.) est considérée comme performante, plusieurs facteurs limitent les chances de la France dans sa capacité à retenir ses talents, attirer les talents internationaux (selon le rapport 2021 Decoding Digital Talents Challenge de BCG, la France est à la 10ème place en terme d’attractivité, trois places de moins qu’en 2019) et mettre en adéquation son marché du travail avec les besoins des entreprises et de son économie.

Pourquoi la France est en perte d'attractivité pour garder ses talents numériques ?

Dans le monde de l’entreprise tout d’abord

  • les salaires proposés sont significativement plus bas que ceux trouvés dans les pays d’Europe du Nord (voir par exemple le sondage 2022 de Big Cloud) et encore plus aux Etats-Unis (Rapport Open Data Science 2022).
  • Les dépenses R&D des entreprises françaises dans le numérique sont plus faibles (Rapport de l’UE 2021 ou celui de l’Université Georgetown sur les GAFAM ) et la recherche y est moins valorisée, ce qui conduit à un environnement moins stimulant et attractif pour les profils Data, notamment ceux disposant d’un Doctorat.
  • L’accès aux financements pour les start-ups, même si des progrès notables ont été réalisés, est toujours plus difficile en France, en particulier par rapport aux Etats-Unis, au Royaume-Uni et à l’Allemagne (Crunchbase 2021).

Concernant la recherche publique et/ou bénéficiant de financements publics :

  • les moyens et investissements sont en-deçà de ceux des autres pays d’Amérique du Nord ou d’Europe du Nord (rapport OCDE 2021). En particulier, les salaires des chercheurs et chercheuses sont plus bas et le nombre de postes fixes créés chaque année est insuffisant, ce qui obère à la fois la rétention des talents formés en France et l’attraction des talents étrangers. Or, la recherche publique est un facteur très important de la résilience numérique d’un pays puisqu’elle est à l’origine de beaucoup des innovations qui alimenteront par la suite les entreprises et l’économie.
  • A ce titre, le manque de ponts entre les entreprises et les universités, où a lieu la majorité de la recherche, est encore aujourd’hui un frein à l’innovation et à la compétitivité de la France.

Enfin, le niveau d’acculturation et/ou d’expertise de la population active dans le numérique, notamment l’IA et la cybersécurité, est un facteur très important de la résilience. Il conditionne l’adéquation entre population active et entreprises mais aussi la capacité des salariés à s’adapter à un environnement évoluant très rapidement et requérant des compétences numériques toujours plus poussées.

De plus, dans un contexte de pénuries des talents, des salariés « digital-literate » peuvent permettre aux entreprises de pourvoir à leurs besoins.

5 leviers que la France et les entreprises françaises doivent activer

Nous pensons que la France et les entreprises françaises doivent activer les leviers suivants afin d’affronter la compétition mondiale, y compris intra-européenne, concernant la quête de talents et assurer ainsi sa résilience numérique :

  1. Augmenter les salaires proposés, tant dans les entreprises que dans la recherche publique
  2. Investir plus dans la R&D et la recherche publique
  3. Créer et pérenniser des ponts entre mondes de l’entreprise et universitaire
  4. Continuer à améliorer les conditions de financement des start-ups
  5. Investir dans la formation continue de sa population active, tant pour lui permettre de s’adapter à son environnement professionnel que d’évoluer vers des métiers du numérique. A ce titre, les initiatives telles que l’École 42 et l’Albert School doivent être soutenues et leur modèle étendu

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