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La panne mondiale d'AWS aux conséquences systémiques
AWS, leader du marché avec près de 30 % de part mondiale en 2024, héberge une part considérable de l’économie digitale. Lorsque la région US-EAST-1 a connu une hausse critique des taux d’erreur et de latences réseau, les effets ont été immédiats :
- Jeux & apps grand public : Fortnite, Roblox, Duolingo, Snapchat, Wordle, Reddit, Venmo, WhatsApp, Zoom, Slack, Canva, Strava
- Objets connectés : Alexa, Ring
- E-commerce : Amazon lui-même
- Banques et institutions : Lloyds Banking Group, Halifax, Bank of Scotland
- Services publics : le site fiscal britannique HMRC
Les événements d’interruption critique chez les trois principaux fournisseurs cloud, MS Azure, Google Cloud services, et Amazon Web Services ont augmenté de 18 % en 2024, et leur durée a cru de 18,7 % par rapport à l’année précédente.
Source : Parametrix, "Cloud outage risk report"
Pourquoi la panne d'AWS change la perception du cloud ?
L’incident AWS n’est pas un signe de fragilité du cloud, mais un rappel utile : la dépendance technologique se pilote, elle ne se subit pas. Depuis une décennie, les entreprises ont accéléré leur migration vers le cloud public pour gagner en agilité, en scalabilité et en maîtrise des coûts.
Cette transition a profondément transformé leurs modes de fonctionnement mais elle exige désormais une gestion plus fine des interdépendances entre fournisseurs, applications et données. Le cloud n’est pas une promesse d’infaillibilité, c’est un modèle de services partagé. En comprendre les limites, diversifier ses architectures et renforcer sa gouvernance, c’est précisément ce qui permet d’en tirer toute la valeur, sans en subir les aléas.
Plus de 60 % des entreprises disposent de leurs données d’entreprise dans le cloud, ce qui souligne l’importance de la gestion des flux, de la redondance et de la visibilité.
Source : Forrester Research, Data & Analytics Survey 2025
Trois leçons à retenir pour les DSI
1. Le cloud n’est pas infaillible.
Même les acteurs les plus robustes subissent des défaillances. L’erreur n’est pas dans la technologie, mais dans l’anticipation. Il faut concevoir les architectures comme « tolérantes à la panne », pas seulement performantes.
2. Sans redondance, pas de résilience.
3. La gouvernance cloud doit évoluer.
Trop souvent centrée sur la réduction des coûts ou la vitesse de déploiement, la gouvernance doit devenir un pilier de résilience. Cela implique :
- Une cartographie précise des dépendances (régions, services, fournisseurs),
- Des tests réguliers de bascule et de restauration,
- Une documentation claire des scénarios de crise.
Du mythe de l’infaillibilité à la culture de la résilience
La panne AWS agit comme un crash test mondial. Elle révèle que la performance numérique de demain ne dépendra pas uniquement des innovations technologiques, mais de la capacité à encaisser les chocs.
Les entreprises les plus avancées adoptent déjà une approche de résilience systémique, articulant :
- Cloud hybride et multi-cloud pour diversifier les risques
- Automatisation intelligente pour basculer rapidement d’un environnement à un autre
- Surveillance proactive via observabilité, AIOps et monitoring des dépendances
- Culture du chaos engineering, consistant à tester volontairement la résistance des systèmes
Ce changement de paradigme marque le passage d’une logique de confort (« le cloud est toujours disponible ») à une logique de vigilance (« le cloud peut tomber, et je suis prêt »).
82 % des responsables IT estime que la défaillance d’une région cloud constitue un risque majeur pour leur entreprise.
Source : pgEdge et The Foundry, juillet 2025
Les 5 actions prioritaires à engager dès maintenant pour votre cloud
- Évaluer la criticité des dépendances cloud : identifier les services essentiels hébergés sur une seule région ou fournisseur.
- Mettre à jour les PCA/PRA pour intégrer des scénarios de panne cloud.
- Tester les bascules automatiques entre régions ou environnements multi-cloud.
- Former les équipes IT à la gestion de crise cloud : communication, priorisation, coordination.
- Adopter une gouvernance basée sur la résilience, intégrant la sécurité, la conformité et la durabilité dans chaque décision d’architecture.
La panne AWS du 21 octobre n’est pas un simple incident technique : c’est un rappel collectif.
Notre économie numérique repose sur quelques acteurs, quelques régions, quelques lignes de code. La question n’est plus de savoir si cela tombera à nouveau, mais comment nous y serons préparés.
La résilience n’est plus un sujet d’infrastructure, c’est un enjeu stratégique, culturel et organisationnel.
Les DSI qui sortiront renforcés de cette crise seront ceux qui auront compris que la robustesse ne s’achète pas : elle se conçoit, se teste et se gouverne.
Le “lundi noir du cloud” restera peut-être comme un tournant : celui où le cloud a cessé d’être une évidence, pour redevenir une responsabilité partagée.

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