Vers une gouvernance agile du SI (Episode 3 / 3)
Dernier épisode de notre série de trois articles consacrés à la gouvernance du SI. Ces articles sont rédigés au travers d’une collaboration d’iQo avec Isabelle SIPMA,
Cette série de trois articles consacrés à la gouvernance du SI vise à souligner l’importance d’une gouvernance des technologies et des données portée au plus haut niveau de l’entreprise, fonctionnant dans un modèle à la fois agile et adaptatif. Ces articles sont rédigés au travers d’une collaboration d’iQo avec Isabelle SIPMA, Manager de transition.
L’utilisation des méthodes agiles s’est développée dans les entreprises ces dernières années pour la transformation digitale, avec comme principales caractéristiques :
Les enjeux de transformation auxquels doivent répondre ces méthodes sont les suivants :
Chaque équipe agile peut au départ disposer d’un bon degré d’autonomie, les interactions avec les autres initiatives de transformation restant limitées. Les règles de gouvernance qui sont intégrées dans ces méthodes peuvent s’appliquer localement sans trop de difficulté dans des équipes restreintes de 5 à 9 personnes, avec une articulation légère avec la gouvernance plus globale du SI.
Mais aujourd’hui, le champ investi par ces méthodes s’est élargi, on parle de « mode produit » ou « d’agilité à l’échelle » pour gérer des programmes de transformation mobilisant chacun jusqu’à 150 personnes. Des méthodes comme SAFe, mais aussi Scrum@scale, Spotify ou LeSS, proposent un modèle permettant la gestion de la transformation de toute l’entreprise. Quels changements fondamentaux cela implique-t-il pour une entreprise appliquant les pratiques traditionnelles de gouvernance du SI ?
La gouvernance à mettre en œuvre pour pratiquer l’agilité à l’échelle est largement décrite dans différentes méthodes telles que SAFe, qui prévoient par ailleurs une progressivité dans la mise en œuvre qui peut se faire par étape (un « train » d’abord, puis un programme, puis un ensemble de programmes, et enfin un portefeuille d’initiatives pour toute l’entreprise). L’expérience montre qu’il s’agit d’un processus long (3 à 5 ans minimum), et que rares sont les entreprises qui déploient ces approches sur la totalité de leurs activités.
Le modèle décrit s’appuie sur :
Un point essentiel pour réussir la mise en place d’une gouvernance en agilité à l’échelle sur un sous-ensemble de l’entreprise est de décrire des périmètres fonctionnels à mettre en œuvre et de les répartir entre les équipes en veillant à :
En dehors des startups et des entreprises à majeure technologique, peu d’entreprises ont aujourd’hui déployé les méthodes agiles sur la totalité du SI de l’Entreprise. Par contre, la plupart des entreprises ont besoin de pratiquer l’agilité sur des périmètres de plus en plus larges et stratégiques (pour en savoir plus sur le lien entre agilité à l’échelle et performance, nous vous invitons à lire Accelerate).
Elles doivent donc toutes développer des modèles de gouvernance permettant d’articuler des transformations et une gestion mobilisant des technologies variées, mais aussi des méthodes et des rythmes différents. Cela nécessite :
Pour une entreprise qui fait cohabiter l’agilité à l’échelle avec d’autres méthodes (cas le plus répandu, comme phase de transition ou état stable final), un dispositif minimum commun doit être mis en place pour garantir une cohérence d’ensemble. Ce dispositif ne doit pas empêcher un fonctionnement efficace des méthodes agiles.
Les 3 piliers de gouvernance qui doivent être pilotés au niveau de l’Entreprise dans son ensemble et rester communs à toutes les pratiques méthodologiques sont :
Enfin, le principe de continuité « Build/Run » : dernier élément de notre gouvernance SI « New look », il est nécessaire de ne pas réduire la gouvernance à la gestion d’un portefeuille d’initiatives métiers, et de considérer le SI aussi dans son volet « Run », avec l’exigence d’assurer un service de qualité au quotidien, de garantir la sécurité et la maintenabilité des outils informatiques.
En matière de « Run » aussi, il s’agit aujourd’hui d’être agile. Le champ d’utilisation du SI s’élargissant aux clients et autres tiers externes à l’entreprise, les exigences de niveau de service sont celles de ces nouveaux utilisateurs (les clients par exemple utilisent le SI le soir et le week-end). Ces nouvelles exigences s’imposent aux équipes projet au moment du développement, supposent une bonne maîtrise des processus de mise en production pour éviter de dégrader le fonctionnement, et une forte réactivité en cas d’incident.
La séparation entre le développement et la production n’est plus d’actualité, et les exigences liées au « Run » doivent être mises au même niveau que les fonctionnalités métiers dans les processus de gestion de priorités. Les nouvelles approches de gouvernance doivent donc intégrer cette dimension « Run » non pas de façon séparée, mais plutôt de façon intégrée dans tous les processus de décision.
Nous l’avons évoqué, la gouvernance SI dans un contexte d’agilité à l’échelle repose fortement sur les métiers qui prennent en charge des rôles clés : rôle de « Product Owner « dans les équipes et rôle de « Epic Owner » ou de « Product Manager » en transverse.
Mais cela n’est pas suffisant. Le passage d’un mode de priorisation basé sur des budgets projet à échéance à une priorisation d’initiatives stratégiques qui sont déclinées opérationnellement avec l’intelligence collective des équipes représente un défi de gouvernance. En effet les directions doivent déléguer un périmètre large de responsabilité aux rôles mentionnés précédemment, sans pour autant renoncer à en maîtriser l’impact plus global sur leur périmètre métier. Cela doit permettre de réconcilier une vision stratégique qui se concentre sur les enjeux majeurs de la société et une vision opérationnelle avec une connaissance très fine des attentes des utilisateurs finaux. Cela suppose également une implication forte dans la composante technologique associée aux évolutions métiers, et dans le pilotage des transformations. Ce mouvement est en marche, mais beaucoup reste encore à faire pour engager encore plus les métiers dans le pilotage des transformations apportées par les technologies.
La Direction du Système d’Information a été longtemps considérée comme seule responsable de l’ensemble du Système d’Information, tout en subissant des contournements pour cause de manque d’agilité (ce qu’on appelle le « shadow IT »). En réalité, le SI ne peut se gérer et évoluer qu’avec la participation de toutes les directions de l’entreprise, et la DSI ne peut en assumer seule la responsabilité ultime. Pour autant, son rôle est déterminant pour garantir une cohérence d’ensemble et une efficacité globale de la gestion du SI comme un tout. Il convient donc de redéfinir son rôle dans une gouvernance du SI rénovée.
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